Le passé, socle du présent et terreau de l’avenir.

Tout, on a tout eu, « sous le soleil, exactement » !
De la vieille auto qui tousse au cheval qui péclote. De l’excellent photographe belge indisponible pour cause de grosse fatigue au fondeur de plaques qui ne grave pas ce qu’il doit. Du crêpier qui ne répond plus au pizzaïolo qui ne vient pas. Du meneur qui casse son camion à celui qui se casse une hanche. Du président de l’AFA qui ne se déplace pas à celui de l’AIAT qui clame en l’envi l’annulation du concours. Du poney club qui déclare forfait trois jours avant la date (remplacé fort élégamment, et je leur en sais gré, par celui de la Châtaigneraie à Sillé) aux menaces téléphoniques des ignorants de L214 qui confondent le château historique avec la ferme à histoires.
Des photos des studios Delton mystérieusement égarées et refaites en urgence par le musée Hermès que je remercie chapeau bas, aux affiches plastifiées qui ne l’étaient pas. Du maréchal qui ne vient pas sans qu’on sache pourquoi au grilleur de cochon qui avait mieux à faire, déléguant le job à ses vieux parents. De certains bénévoles qui n’ont rien fait tandis que d’autres faisaient tout, vraiment, on a tout eu…
Même un judas, pas le courageux Thaddée, le véritable Iscariote dont je tairai le nom par égard pour son âge.
Tout ça était explosif en diable !! une vraie comédie humaine que la magie de Sourches a transformé en un instant délicieux.
Un moment enchanteur constellé de bonnes fées telles que
Lester Dagge, juge anglais et président du jury de ce troisième concours, sévère mais juste et qu’on adopte sans condition,
Jean-Louis Libourel, pétillant de savoirs, la bible de l’attelage à l’accent chantant c’est lui, adopté depuis un bail,
Nicolas Chaudun, écrivain, historien et orateur épatant, une bible, lui aussi, sur le XIXème siècle, adopté !
Philippe Grümmer, qui transmet à tous, sans distinction aucune, ce que sa famille lui a laissé, l’amour du bel ouvrage que furent les carrosseries Morel-Grümmer, adopté !
Béatrice Racine-Gruau, une des rares femmes du weekend mais quel enthousiasme et quelle gaité ! l’avenir, c’est son affaire ! Adoptée, elle aussi.
Enfin le très saint Père Afchain, ancien de Saumur et aumônier des Armées, bénissant à chaque édition, chevaux et haridelles et dans un large geste dispensant ses bienfaits aux hommes de toutes religions et même à ceux qui n’en ont pas. Lui nous a tous adoptés.
A toutes ces fées bienveillantes s’ajoutent les concurrents dont la présence est un spectacle ô combien précieux à l’oeil.
Il y a parmi eux, concurrents automobiles ou hippomobiles confondus, artisans du Maine ou d’ailleurs, ceux qui se préparent au concours consciencieusement et celui qui débarque sans ses papiers, il en faut un, toujours. Il y a le petit jeunot menant depuis 8 ans seulement, qui se place très bien et le confirmé, menant depuis toujours, avec son formidable attelage à l’évêque black&white, qui joue au ouistiti au passage du verre ; Dieu que la vidéo est drôle. On croise celui dont les chevaux caracolent dans les champs de maïs du voisin laissant cul par dessus tête et presque sains et saufs, ses voyageurs un peu étourdis et, celui qui fait un sans faute pour la deuxième fois consécutive, le très remarquable Guy Vrignaud. Ceux qui assortissent leurs tenues à leurs voitures ce qui est très plaisant à regarder et celui qui croulant sous le travail, ne peut entrainer ses chevaux mais vient encourager ses pairs, cher Maître, agréez mes respectueuses salutations. Il y a parmi les artisans une aquarelliste animalière de grand talent qui, par pudeur, n’ose pas vendre ses œuvres et celui qui sculpte sa pierre juste pour montrer que l’artisanat existe encore et véritablement. Celle qui pare les chapeaux à la tête du client comme on pare un cheval à la mesure de son sabot. Celui qui rafle le premier prix en débarquant avec une auto rare et rutilante, une Torpédo de Mathis, juste pour nous faire plaisir et cela nous a réellement fait plaisir. Il y a eu un moment d’émotion avec Arjen, Frison de 19 ans, dont c’était le dernier concours, pour qui nous avons modifié le rescrit AFAtique, classement de départ routier et mania. Bien nous en a pris car le spectacle fut à la hauteur de ces arrangements peu orthodoxes. Riant aux larmes, nous avons assisté à une comédie magnifique ; Arjen, à la robe superbe, trainant le pas à chaque porte, le naseau fumant, a achevé sa maniabilité en franchissant le pont, au passage, l’encolure altière et l’allure fringante, dopé par les encouragements de sa maîtresse et par ceux du public. Dans un plan bédéesque, la vieille carne clignerait de l’œil, dévoilerait sa denture et conclurait par ces mots « T’as vu ma poule, j’en ai encore sous le pied »

Cette pièce de 48h ne se peut jouer sans les livrées rouges. Tous ou presque ont oublié de se couvrir de leur galurin, cette année. Oupsiii ! En 2021, on se les collera aux cheveux. Il y a eu Jérôme, Alain, Anita et Albert, les véritables chevilles ouvrières de ce vaste programme.
Il y a eu des hommes au torchon et des femmes aux fourches, et l’inverse, des hommes au service et des femmes aux pc, et l’inverse. Tous polyvalents, ils sont architectes, psychiatre, artiste peintre ou peintre en bâtiment, fermier, chômeur, jardinier, infirmière, aviculteur, médecin, pion, vétérinaire, photographe, musicien, ingénieur atomiste, comptable, électricien, ânier, courtier en immobilier, spécialiste des fusacq, retraités ou actifs de différents horizons. Il y a eu celui qui a fait un service à la française. Celui qui a confondu l’essence avec le débroussaillant:):) Celle qui ne sait pas ouvrir un parasol, Anita, le crétin c’était moi ! Ceux qui vous ont accueilli à l’entrée avec un large sourire et ceux qui ne souriaient plus après trois heures de pc en plein cagnard et sans eau. Celle qui vous a initié au menage. Le plus jeune des bénévoles qui mesurait les écartements des roues et la plus jeune qui faisait l’estafette entre les juges. Il y a eu celui qui met les verres sales dans le casier des verres propres nécessitant ainsi un double travail à la plonge et l’entonnement d’un alléluia d’allégresse à but dopant et ça a fonctionné. Celui qui traduit tout et celui qui ne comprend rien même en français, on lui pardonne tant il est drôle. Il y a eu celui qui, ayant aidé aux difficiles préparatifs qui ne se voient pas et gagné par les faiblesses de son âge, s’assied et contemple avec satisfaction cet ordonnancement qui prend forme et pour lequel il a travaillé dur en échange de rien, quelques déjeuners ou diners, quelques bières, quelques discussions animées, le sentiment d’appartenir à un monde qui vibre encore un peu à son diapason.

Sans les fées, sans les concurrents et les artisans, sans les redmens, pas de concours, pas d’assaut d’élégance ni de savoir-faire, ni de service, ni de bureaux des calculs, pas de transmission du patrimoine et de la connaissance, sans eux, Sourches n’est qu’une pâture à vaches de plus et un tas de pierres coûteux. Mais sans le parc de Sourches dessiné par Mansart, le meilleur des concurrents ne ressemblerait qu’à un comédien déguisé, sans la terrasse plus grande que celle de Versailles, les artisans ne feraient qu’une foire de plus et en seraient réduit au rôle de camelot, quant aux automobiles au lieu de trôner en star dans la cour d’honneur qui semble avoir été conçue juste pour les accueillir, elles apparaîtraient à tous sur un parking lambda, non plus comme un envoûtant rêve d’enfant, mais comme un tas de ferrailles roulant ou pas.

Ce troisième concours, c’était l’art de Gabriel rencontrant celui de Binder, Mathis qui se frottait à nouveau à Grümmer, Mansart qui recevait Bentley, Lamerant qui menait dans les traces des ducs des Cars, L’ACF qui côtoyait les Haras Nationaux, Delton qui revivait sa gloire tandis qu’on honorait Citroen, l’ACO qui distinguait Chevrolet et la Marseillaise entonnée avant la Brabançonne (l’honneur est sauf).

Ces ténors, centenaires ou bien plus, ont été rassemblés à Sourches pour un public dont la curiosité, traditionnel défaut qu’il faudrait, selon moi, ériger en vertu, lui a fait affronté les 30 degrés et les propos discriminatoires d’un journaliste de TV qui ne connaît pas les lieux afin de gouter le raffinement de ce temps révolu où la qualité d’exécution primait sur la notion de rentabilité.
Un public qui ne mesure pas toujours ce que 3’21 ” de maniabilité représente d’heures de travail tout au long de l’année, ni les sacrifices de temps et d’argent que représente la restauration ou l’entretien d’une vieille guimbarde, mais qui sait, indubitablement, l’apprécier.
Ce troisième concours c’était l’art de transmettre à tous ce que le passé nous a apporté de mieux pour illustrer les progrès de la locomotion. Pari gagné et on recommencera le 25ème weekend de l’année 2021. En mieux, toujours !

Bénédictedefoucaud

Avec le soutien financier du département de la Sarthe, de la société La Gée, de la fédération française de chasse de la Sarthe, la région des Pays de Loire.

PODIUM CIAT 2019

PODIUM CEVA 2019

RÉSULTAT CEVA

Prix ACF
Torpedo MATHIS de 1925

Premier prix ACO
CHEVROLET Corvette de 1959

Deuxième prix ACO
JAGUAR XK 120 de 1953

Prix Coup de coeur de Sourches
BENTLEY 1948

Prix spécial
CITROEN Traction 11B 1955
CITROEN 2CV 4 1976